samedi 9 mai 2015

Vaincre les lois de la gravité, ou la photographie des fausses apparences



Lévitation rationnelle. Philippe Ramette. Château de Oiron.

Cette photographie, aux premiers abords, trouble le spectateur.
Photographie? Sculpture? Performance?

Philippe Ramette est un artiste (sculpteur, photographe et dessinateur) qui aime défier les lois de la logique, à travers celle de la gravité.
Il réalise des installations surréalistes dans lesquelles il met en scène son propre corps, dans des postures improbables et illogiques, grâce à ses prothèses, sculptures d'objets hybrides insolites, qui permettent d'appréhender le monde selon un autre point de vue.
Dans ses images, il n'y a aucune trucage photographique, aucune retouche numérique!
Cela parait incroyable. Mais c'est justement cette sensation de mystère, palpable dans la tension du corps de l'artiste photographié, que Philippe Ramette cherche à créer, en tant que moteur du regard contemplatif du spectateur.
“Bien sûr, on pourrait faire une manipulation numérique, mais ce qui m’intéresse, c’est ce paradoxe : la rationalité effective de ces images" -qui paraissent irrationnelles-
La performance acrobatique et la mise en situation concrète de ses prothèses, créent un décalage du regard, qui désarçonne le spectateur et l'oblige à inventer une nouvelle façon de regarder le monde.
La photographie n'est cependant pas documentaire, mais constitue l’œuvre d'art finale, intrigante comme une énigme à résoudre, qui joue sur l'absurde.
La photographie est le prolongement des démarches artistiques précédentes (sculpture, mise en situation performative), qu'elle englobe dans son processus de création et qu'elle rend invisible, tout en étant le garant de leur existence, sans lequel elles perdraient toute signification.

Ce phénomène questionne la nature de l’œuvre d'art, en faisant exploser les frontières entre processus créatif et objet final.
Une oeuvre disparait pour en produire une autre, dans laquelle elle reste présente!

Philippe Ramette. Balcon 2 (Hong Kong). 2001
Philippe Ramette. Contemplation irrationnelle. 2003





















Cette volonté délibérée d'intriguer le regard du spectateur en jouant avec la gravité est une marque de fabrique que l'on retrouve dans les travaux du collectif de designers et photographes japonais NAM.

Cependant, ici, la démarche est une approche esthétisante et artificielle du chaos, stoppé dans son mouvement par un arrêt sur image volontairement faux, mais d'une beauté idéale - parfaite pour une image de publicité-.

Face à la problématique du vrai et du faux, de la crédibilité rationnelle d'une représentation, la question du statut de la photographie est donc ici également posée.
Entre art fondamental et art appliqué, cette image, à la mise en scène visiblement truquée mais d'une maitrise de retouche numérique parfaite, renverse la logique du regard du spectateur, non seulement sur le monde qui nous entoure, à travers la modification de la gravité, mais aussi sur les codes techniques et esthétiques de la photographie.

Une façon détournée d'interroger les apparences et les paradoxes de l'art et de la société.

Collectif NAM. Panic room. 2012


D'après l'article de Caroline Charbonneau. Classe de première.


vendredi 17 avril 2015

Un lapin-antilope qui bouscule la représentation de l'imaginaire collectif

Dans leurs vitrines à peine éclairées, les animaux hybrides de Thomas Gründfeld provoquent un certain malaise chez le visiteur du château de Oiron, plongé dans la pénombre.
Au delà de la critique sociale de cette œuvre intitulée "Misfit" (marginal, inadapté, inapproprié...) qui ironise sur le "Gemütlichkeit" (équivalent d'un "sweet home" à l'allemande qui a produit la tradition des trophées de chasse et des cabinets de curiosité outre Rhin), l'artiste joue avec les codes de représentation en prenant au mot la sémantique.




Usant par exemple de la traduction littérale du "lapin-antilope" américain (jackalope) ce n'est plus un "lièvre cornu" (nom français) que Grünfeld nous donne à voir, mais un lièvre à tête d'antilope, qui brise une image stéréotypée.
Cette chimère faussement cryptozoologique fait référence à une œuvre plus ancienne du château, et pourtant, elle n'a rien à voir avec ce petit lapin à corne tout mignon du plafond de la galerie voisine, datant du XVIeme siècle.
Ici, c'est le décalage qui crée le trouble.
En outrepassant les conventions qui pèsent sur l'imaginaire (on se retrouve dans le même état de désarroi face à la sirène de René Magritte: "L'invention collective", 1935) "Misfit" dérange par les questions qu'elle pose sur les limites: entre art et science, vrai ou faux, monstruosité et normalité, interprétation collective et vision personnelle...



Trophée d'un jackalope, à l'image de la légende


Gravure ancienne d'un lièvre à cornes
Illustration du Tableau Encyclopédique et Méthodique de Bonnaterre, 1789, qui désigne le lièvre cornu comme une race de léporidé à part entière 


Le papillomavirus est une maladie contagieuse qui fait apparaitre et croitre des protubérances, dont l'aspect peut faire penser à des bois de cervidé.


Issu des traditions de l'Europe germanique, le jackalope (Wolpertinger en Allemagne et en Autriche) est un animal chimérique très ancré dans les traditions américaines

vendredi 10 avril 2015

Le rêve d'Ebdomeros. Hommage aux muses de Giorgio De Chirico au chateau de Oiron

Au détour du couloir des illusions, elle est là. On la voit un peu par hasard.
Qu'est ce que c'est? Une pompe, vestige d'un temps plus ancien? Oui, ... mais le cartel?
On dirait un faux, avec ses bouts de scotch noir d'électricien. Bancale,  même pas vraiment rectangle, avec une typographie de machine à écrire.
On lit. Ah, oui!... Bien vu. Effectivement.  De Chirico n'est pas loin...
Mais quel rapport avec le lieu? Avec la collection?

Pompe à eau du château de Oiron





Les muses inquiétantes. De Chirico, 1918

























Roman écrit en 1929 par De Chirico (traduction française)



Le rêve transformé. De Chirico, 1913


Heureusement, Michel est là, avec ses jolies formules: "appropriation par un visiteur", "opportunisme poétique", "acte gratuit artistique".

Surréaliste!
Cependant, le choix de laisser visible cette démarche de création spontanée (et peut être aussi un peu provocatrice et anarchiste?) fait sens.
Par ce petit clin d'œil, l'art contemporain s'inscrit dans un environnement ancien, mais vivant. Le château de Oiron est un  lieu en action, qui ouvre les portes de l'espace et du temps.
Le patrimoine n'a pas de raison d'être, s'il n'est en dialogue avec le présent et tourné vers l'avenir. Il est une muse pour l'artiste qui sommeille en chacun de nous.
Ici, l'œuvre, c'est le cartel, et les liens qu'il tisse avec l'objet qu'il côtoie, jusqu'à l'englober.
"In situ", c'est aussi, et peut être surtout, cela:  l'esprit des lieux, l'espace symbolique qui hante l'entre deux...

mardi 24 mars 2015

Oiron: une collection pas comme les autres...



Edifié à partir du XVIe siècle, le château d’Oiron abrite la collection d'art contemporain "Curios & Mirabilia", conçue autour du thème du cabinet de curiosité, pour ce lieu aux décors d'origines exceptionnels.
Le visiteur est  invité à flâner dans les méandres du temps où sommeillent toutes sortes de merveilles fabuleuses...




dimanche 22 février 2015

Le paysage, l'art et le fleuve

Estuaire: Nantes - Saint Saint-Nazaire est un parcours artistique, qui, tout au long de la Loire, met en valeur le patrimoine naturel et le paysage urbain, par l'installation in situ d’œuvres contemporaines, créées par des artistes illustres.
D'une politique globale cohérente, de nombreuses manifestations, comme le voyage à Nantes, s'appuient sur cet acteur majeur de la vie culturelle de la région, dont la qualité indéniable attire de nombreux visiteurs.
Alliant passé et présent, nature et culture, ce parcours réconcilie les adeptes du plein air aux frileux des croisières, des simples curieux aux touristes érudits.
Il constitue une base de référence indispensable aux étudiants en art, pour leur compréhension du monde de l'art contemporain et de ses liens avec la vie des collectivités locales.


Accueil du site internet du parcours de l'estuaire


Œuvres pérennes du parcours de l'estuaire

Vidéothèque du parcours de l'estuaire

Visite virtuelle du parcours de l'estuaire (2008)

jeudi 12 février 2015

mercredi 21 janvier 2015

Coup de coeur pour un illustrateur

L'illustration a longtemps été considérée comme un art mineur. Pourtant, ces images bercent notre enfance, font naître nos goûts picturaux, nous ouvrent au monde littéraire.
Si leur nom reste souvent peu connu du grand public, le  talent des illustrateurs dépasse les frontières et les époques.
Les élèves de première ont étudié cet art aussi courant que mal connu et nous expliquent pourquoi certains illustrateurs ont attiré leur attention:




jeudi 15 janvier 2015

De Charles à Charlie...

"Nous devons nous élever de toutes nos forces et inlassablement contre les envahissements de toutes les barbaries. "
(Charles Péguy, Pensées, p.33, Gallimard, 1934)




Dessins libres et spontanés sur les tableaux blancs du lycée

samedi 1 novembre 2014

dimanche 15 décembre 2013

"Chasse et chassé" à la Garenne Lemot

Les élèves en arts plastiques du lycée Charles Péguy ont visité l'exposition de la Garenne Lemot à Clisson "Chasse et chassé".


Cliquer ici pour voir les images de la visite de l'exposition

Pour retrouver les artistes présentés, voici quelques précisions sur leur travail:

CHARLES FREGER
A l’instar de la série Wilder Mann (homme sauvage), Charles Fréger se consacre à travers ses photographies à une représentation poétique et anthropologique des groupes sociaux : ouvriers, majorettes, militaires …



DUANE LINKLATER
L’amérindien Duane Linklater propose un travail à la fois poétique et incisif où se posent les questions du rapport entre homme et animal. Il montre la difficulté pour l’homme d’éprouver une réelle empathie pour l’animal.



ERIC POITEVIN
Les photographies de campagnes, de sous-bois, de végétation humide et de forêts d’Éric Poitevin suspendent le temps. Silencieuses, calmes, elles font surgir paradoxalement des histoires issues de notre imaginaire collectif, laissant libre court à nos peurs, fascinations, désirs.




FREDERIC LAVOIE
A travers ses installations sonores et vidéo, Frédéric Lavoie, artiste québécois, questionne la notion de point de vue et confronte le domaine du visible à celui de l’audible.



FREDERIC NAUCZYCIEL
Par un travail sur des portraits photographiques, Frédéric Nauczyciel cherche à révéler, à travers des hommes et des femmes engagés dans la vie rurale, la relation particulière au temps qui peut s’établir à la campagne au fil des saisons.




GIANNI BURATTONI
Selon Gianni Burattoni  « le jardin est une forme d’art global et éphémère ».  Proposant une nouvelle approche du paysage, il engage une réflexion sur le phénomène de l’invisible dans la nature et dans l’art à travers la symbolique relative à la mythologie et à l’histoire.



HANS SCHABUS
Deux forces s’opposent dans le travail présenté de Hans Schabus, derrière la tranquillité des choses il y a la crainte et la peur. Ses œuvres nous projettent dans des univers où l’expérience se construit par le biais de l’environnement physique et mental des personnages. 
Site web


ISABELLE LEVENEZ
Isabelle Lévenez interroge l’individu, toujours entre réel et fiction. Elle met en scène des hommes mi-animaux et nous rappelle que par-delà de la culture, demeure chez l’homme cette part sauvage et intrinsèque d’assouvir ses besoins vitaux.



LAURENT MILLET
Laurent Millet photographie le paysage et le transforme à sa façon. Il y intègre des pièges en tous genres et incite notre regard à se perdre dans les dédales de ses structures tendues au milieu des forêts.




MARK DION
L’artiste américain Mark Dion a réalisé un stand de tir forain aux couleurs éclatantes de baraque de foire. Les stands de tirs forains nous font oublier le rapport à la mort qu’il y a dans le tir. L’œuvre dans le contexte de l’exposition interroge : est-on réellement apte à tirer pour obtenir cet objet de désir ?



NICH HANCE MCELROY
Nich Hance McElroy est un photographe de la côte ouest américaine, vivant entre Seattle et Vancouver, il parcourt l’Amérique à la recherche de paysages et d’éléments résumant la mythologie du « far West » : les frontières, l’air frais, les grands espaces, la fuite, la liberté…




PATRICIA CARTEREAU
Patricia Cartereau manipule à la fois la peinture, le dessin et l’aquarelle.  Sous la beauté formelle, la fragilité des œuvres, la récurrence du monde de l’enfance, surgissent la violence des rapports humains et l’inquiétante menace que représente le monde qui nous entoure.