A l'occasion d'un travail plastique sur la notion de "non finito", les élèves de seconde ont expérimenté l'art de la sculpture. Expérience particulièrement troublante, puisqu'il s'agit de détruire la matière pour faire émerger la forme...
Il existe plusieurs mythes fondateurs de la sculpture, le plus connu étant celui de Pygmalion.
L'histoire du maillet et du ciseau, dont se sont symboliquement emparés la franc-maçonnerie et l'école des compagnons du devoir, est éclairante sur le sujet: le passage d'un matériau brut à une forme "finie" revêt le caractère mystérieux du geste, de la transmission du geste, de l'art comme savoir faire.
Cheval de la frise du Roc de Sers, 22 000 et 17 000 ans BP (before present = AA: avant aujourd'hui) |
Un jour, on vint livrer un bloc de marbre brut énorme. Il était si grand et si gros qu’il fût impossible de le mettre à l’intérieur de l'atelier. Il resta donc dans la cour.
Tête de cheval sculptée (copie) du fronton est du Parthénon, Athènes, Grèce. Entre 442 et 438 av. J.-C. Phidias et son atelier. (Buste original conservé au British Museum, London.) |
L’enfant était fasciné par ce bloc, tous les jours il passait de longs moments à le toucher pour sentir la chaleur de la pierre au soleil ; il imaginait, dans ses reliefs et dans ses veines, des montagnes, des vallées, des rivières. Chaque jour, il découvrait d’autres merveilleux paysages, d'autres mondes à explorer à la surface de la pierre.
A son retour, le bloc de marbre avait disparu et un splendide et gigantesque cheval trônait au milieu de la cour.
Interrogeant son père au sujet du bloc de pierre, celui-ci dit que le maître l’avait taillé pour en faire sortir le cheval.
Étonné, l’enfant alla voir le maître et lui demanda : « Mais comment savais-tu qu’il y avait un cheval caché dans la pierre ? »
En guise de réponse, le maître sculpteur lui donna un ciseau et un maillet et lui dit : « Apprend à t’en servir et, toi aussi, tu découvriras qui est dans la pierre ».