Lévitation rationnelle. Philippe Ramette. Château de Oiron. |
Cette
photographie, aux premiers abords, trouble le spectateur.
Photographie? Sculpture? Performance?
Philippe Ramette est un artiste (sculpteur,
photographe et dessinateur) qui aime défier les lois de la logique, à travers celle de la gravité.
Il réalise des installations surréalistes dans lesquelles il met en scène son propre corps, dans des postures improbables et illogiques, grâce à ses prothèses, sculptures d'objets hybrides insolites, qui permettent d'appréhender le monde selon un autre point de vue.
Dans ses images, il n'y a aucune
trucage photographique, aucune retouche numérique!
Cela parait incroyable. Mais c'est justement cette sensation de mystère, palpable dans la tension du corps de l'artiste photographié, que Philippe Ramette cherche à créer, en tant que moteur du regard contemplatif du spectateur.
“Bien sûr, on pourrait faire une manipulation numérique, mais ce qui m’intéresse, c’est ce paradoxe : la rationalité effective de ces images" -qui paraissent irrationnelles-
Cela parait incroyable. Mais c'est justement cette sensation de mystère, palpable dans la tension du corps de l'artiste photographié, que Philippe Ramette cherche à créer, en tant que moteur du regard contemplatif du spectateur.
“Bien sûr, on pourrait faire une manipulation numérique, mais ce qui m’intéresse, c’est ce paradoxe : la rationalité effective de ces images" -qui paraissent irrationnelles-
La performance acrobatique et
la mise en situation concrète de ses prothèses, créent un décalage du
regard, qui désarçonne le spectateur et l'oblige à inventer une nouvelle
façon de regarder le monde.
La photographie n'est cependant pas documentaire, mais constitue l’œuvre d'art finale, intrigante comme une énigme à résoudre, qui joue sur l'absurde.
La photographie est le prolongement des démarches artistiques précédentes (sculpture, mise en situation performative), qu'elle englobe dans son processus de création et qu'elle rend invisible, tout en étant le garant de leur existence, sans lequel elles perdraient toute signification.
Ce phénomène questionne la nature de l’œuvre d'art, en faisant exploser les frontières entre processus créatif et objet final.
Une oeuvre disparait pour en produire une autre, dans laquelle elle reste présente!
Une oeuvre disparait pour en produire une autre, dans laquelle elle reste présente!
Cette volonté délibérée d'intriguer le regard du spectateur en jouant avec la gravité est une marque de fabrique que l'on retrouve dans les travaux du collectif de designers et photographes japonais NAM.
Cependant, ici, la démarche est une approche esthétisante et artificielle du chaos, stoppé dans son mouvement par un arrêt sur image volontairement faux, mais d'une beauté idéale - parfaite pour une image de publicité-.
Face à la problématique du vrai et du faux, de la crédibilité rationnelle d'une représentation, la question du statut de la photographie est donc ici également posée.
Entre art fondamental et art appliqué, cette image, à la mise en scène visiblement truquée mais d'une maitrise de retouche numérique parfaite, renverse la logique du regard du spectateur, non seulement sur le monde qui nous entoure, à travers la modification de la gravité, mais aussi sur les codes techniques et esthétiques de la photographie.
Une façon détournée d'interroger les apparences et les paradoxes de l'art et de la société.
Collectif NAM. Panic room. 2012 |
D'après l'article de Caroline Charbonneau. Classe de première.